Parcours Louvre 09

Une Odalisque, dite La Grande Odalisque

Ingres transpose ici le thème antique du nu féminin dans un Orient vers lequel il n’a voyagé qu’en rêve et qui est prétexte à l’image sensuelle d’une femme de harem – titre de l’oeuvre – nue et offerte dans un décor exotique. Jusqu’à la fin de sa vie, Ingres reprendra des thèmes orientalistes et le nu féminin, l’un de ses sujets favoris – comme dans Le Bain turc -, en mêlant à sa peinture des influences diverses qui vont de Raphaël et des artistes maniéristes aux miniatures persanes. Si, comme son maître David, Ingres est un artiste classique, par sa technique ou son intérêt pour l’Antique qu’il montre dans d’autres oeuvres, il se détache de ce courant en privilégiant la ligne du dessin, des courbes sensuelles, déformant au besoin la réalité anatomique des corps. Cette odalisque possède trois vertèbres de trop ! De même, le sein droit et la jambe gauche se rattachent étrangement au reste du corps. Contrastant avec cette déformation physique, la lourde draperie bleue, le turban ou le narguilé sont traités d’une manière illusionniste. Les critiques de l’époque, totalement désarçonnés par cette fusion chimérique, mépriseront son style si singulier. En revanche, Ingres aura une formidable influence sur les artistes modernes dont Picasso qui reprendra avec bonheur son inventivité et sa manière de recomposer les corps à sa façon. Au reste, l’harmonie bleue et or, plutôt froide, ne détache-t-elle pas définitivement cette image de la réalité pour en faire un pur fantasme d’artiste ?

Itinéraire jusqu’à la prochaine œuvre :

Entrez dans la salle Mollien (700-1-Denon), derrière la Grande Odalisque. Le Radeau de la Méduse se trouve sur votre gauche.